Le jeu vu par une psychologue

Marion, psychologue, nous parle de sa vision du jeu.
Ma découverte des Histoires qui Pop
Selon vous, le jeu de société est-il un outil de médiation ? Pourquoi ?
En milieu thérapeutique, le jeu est un pertinent outil de médiation notamment avec les enfants n’ayant pas acquis le verbal ou les enfants de la latence lorsque la pensée est en construction. Le jeu permet une approche indirecte du monde psychique de l’enfant. Auprès des plus grands notamment les adolescents cela permet aussi d’apporter une symbolisation à leurs conflits internes. Le jeu revêt de nombreuses intérêts en psychothérapie.
Quelle est votre 1ère approche des Histoire qui POP : le matériel, les règles ou l’univers graphique ?
Le design de la boîte avant même de l’ouvrir amène à l’imaginaire du féerique mais dans une ambiance enfantine. Le côté grimoire permet de se laisser dire qu’il pourra y avoir du secret.
L’ouverture du carrousel propulse d’emblée dans l’univers de la nuit, du rêve mais sans être effrayant. C’est « magique ». Les ouvertures, les portes qui se détachent, le côté pop-up est idéal pour travailler les recoins, les éléments à cacher, à vouloir faire disparaître de la conscience ou les y révéler. Le carton semble assez épais pour résister aux nombreuses utilisations.
Je n’ai pas réussi d’emblée à faire tenir le carrousel. Il a fallu que je me réfère au dos de la boîte pour saisir l’utilité du carton marron. Les personnages en bois sont une bonne idée. Il paraît assez intuitif de coller les autocollants sur les personnages en bois. Et si d’aventure, les autocollants n’adhèrent plus aussi bien, il sera tout à fait possible de dessiner sur le bois. Et des images aimantées ? Mais un petit mot n’aurait pas été de trop à ces sujets.
Le texte ouvre à l’imaginaire mais en thérapie il n’est pas nécessaire et peut être adapté à chaque patient. Néanmoins, le QR code avec la narration permet de se laisser aussi transporter dans l’univers du jeu.
La libre utilisation du jeu permet à chacun de se l’approprier. C’est très pratique.
En quoi les Histoires qui Pop permettent-elles de développer l’imaginaire ? La créativité ? L’expression ?
Le côté féerique ouvre d’emblée à un monde de création, de possible, de se détacher de ce qui serait irréalisable. Nous pouvons nous laisser aller à ce qui n’existerait pas car ne se référant pas à une réalité connue. On peut tout imaginer.
L’utilisation d’animaux permet aussi de pouvoir s’identifier en genre et en âge au personnage souhaité en se détachant de son identité propre.
La créativité est implicite car le jeu est « brut », sans réelle consigne.
L’expression en découle pour élaborer un récit plus ou moins construit.
Certains enfants se révèlent-ils à travers ce médium en particulier ? Pourquoi selon vous ?
Certains enfants peuvent se révéler. Pour d’autres, inhibés dans leur pensée, cela peut être plus compliqué pour eux à se détacher du factuel ou de la pure description du décor. Il convient de les encourager à lâcher prise et se laisser aller à leur monde interne en sécurité à travers le biais de la médiation. En mon sens, ce jeu pourrait être un bon support.
Permet-il l’apprentissage de certaines matières/ compétences en particulier ?
L’organisation de sa pensée et sa traduction en phrases structurées. L’échange avec un adulte.
La syntaxe.
Un ordre logique et cohérent avec des repères spatio-temporels.
Comment les Histoires qui Pop peuvent-elles aider à aborder les expériences de la vie sociale (défaite, règles…) ?
En l’absence de règles, de classement, de compétition, ce jeu est principalement un accès à un monde imaginaire, un potentiel refuge. Il encourage à l’imagination et la créativité. Ils légitiment ces dimensions parfois dénigrées.
Mon usage en tant que psychologue
En quoi ce jeu est un outil intéressant dans le cadre de votre activité
Il sera utile pour faire verbaliser de manière détournée les enfants sur leurs problématiques. Les enfants pourront aussi se l’approprier à leur bon vouloir.
Favorisez-vous les jeux coopératifs ou les jeux compétitifs ? Dans quelle(s) circonstance(s) ?
Tout dépend de la problématique de l’enfant. Un défaut narcissique va m’emmener sur des jeux compétitifs pour rappeler le principe de réalité et la tolérance à la frustration avec l’apprentissage de sa gestion. Un manque de confiance en soi pourra aussi bien m’emmener sur des jeux compétitifs pour valoriser les compétences ou sur des jeux coopératifs pour restaurer quelque chose du côté du narcissisme.
Les jeux coopératifs peuvent aussi dans un premier temps créer l’alliance avec l’enfant, jauger de son rapport à l’adulte, de sa position dans le monde.
Les jeux comprenant du hasard sont également pertinents car ils ne sont pas basés sur les compétences propres de l’enfant.
Systématisez-vous l’usage des jeux ? En commun ou par petit groupe ? Est-ce proposé ou imposé aux enfants? Sont-ils eux-mêmes demandeurs ?
Pas toujours. Certains enfants verbalisent aisément ce qui les préoccupe. Dans ce cas, je n’ai pas recours aux médiations. Le choix du jeu peut être orienté ou imposé par ma part ou laissé à la discrétion du patient.
Le jeu peut aussi faire partie d’une médiation de groupe. Notamment avec des jeunes au début de collège pour créer une cohésion de groupe et rompre la gêne qu’ils peuvent éprouver en début de rencontre.
Constatez-vous un profil d’enfants plus habitués / plus hermétiques au jeux de société ?
Il est évident que les enfants qui jouent régulièrement (à la maison, à l’école…) ont les codes et règles sociaux pour jouer. Ils savent attendre leur tour, respecter les autres, plus ou moins accepter l’issue d’un jeu..
Quels sont les qualificatifs que vous donneriez à ce jeu ?
Satisfaisant, attrayant, adapté, plaisant.
Ce que je pense des jeux LOKI
Quel jeu LOKI connaissez-vous ?
- SOS dino
- Little battle
- Monsieur carrousel
- Zoo run
Qu’appréciez-vous plus particulièrement dans ces jeu ?
Le design moderne, rond, beau, contemporain. Leur originalité qui varie des jeux classiques. La possible utilisation détournée que l’on peut en faire.